Le Mitchell 300 la légende.
Fabriqué de 1939 à 1989 à plus de 13 000 000 d’exemplaires dans une usine française à Cluzes par des ouvriers horlogers hautement qualifiés, le Mitchell 300 fut le moulinet de référence pendant des dizaines d’années.
J’ai eu l’immense chance de trouver sur internet un Mitchel 300 de 1971 dans un état extraordinaire, quasiment neuf. Le manque de traces sur le bâti ainsi que l’absence de marques de frottements à l’intérieur du corps indique qu’il n’a probablement jamais servi.
Données techniques :
- Rapport : 3,75/1
- TMV : 55cm
- Poids 300g
Démontage :
La première des choses à faire est de démonter la bête. Rien de bien compliqué , un simple petit tournevis plat et une petite clé à molette sont nécessaires. Je vous conseille quand même de prendre quelques photos au fil du démontage pour vous rappeler l’ordre de certaines pièces même si je détaille ces pièces plus loin.
Ce moulinet avait été correctement entretenu , je n’ai pas eu de surprise à l’intérieur mais c’est rarement le cas. On trouve souvent des tonnes de vieille graisse figée dans le corps, sur des moulinets qui n’ont jamais été ouverts.
La première difficulté est de trouver, s’il y en a, les petites rondelles de calage du pignon d’entrainement. Souvent noyées dans la graisse, elle viennent avec le pignon quand on le retire de son axe. Ces rondelles ( de 1 a 3 rondelles selon le modèle ) sont extrêmement importante dans le réglage car elles servent à ajuster la hauteur de l’engrenage de transfert du porte-bobine. C’est cet ajustement qui rend le moulinet fluide à la rotation. Les ingénieurs ont conçu ce système que l’on retrouve dans presque tous les moulinets Mitchell de cette époque pour éventuellement compenser un petit défaut d’usinage, mais surtout pour pouvoir compenser l’usure des pignons au fil des années et pouvoir re-regler les pignons au bout de 10 ou 20 ans ( dire ça aujourd’hui ça fait rêver ! )
Dégraissage :
Afin de débarrasser les pièces de l’ancienne graisse, bien les essuyer avec un chiffon et les laisser tremper quelques heures dans de l’eau et du liquide vaisselle. Pour les engrenages, c’est plus compliqué. La graisse qui vieillit crée des cristaux durs qui se figent entre les dents des engrenages. Je passe ces engrenages au liquide vaisselle et à la brosse à dent. L’idéal est de passer toutes les pièces dans un bain ultrasonique, mais il faut en posséder un.
Nettoyage :
Quand le dégraissage est terminé je passe toutes les pièces 24h dans un bain d’huile 3en1. Cela sert à lutter contre l’oxydation des éléments en aluminium. Je vérifie qu’il ne reste aucune traces de salissures sur les pièces et je les essuient pour enlever l’huile 3en1 qui se mélangerait à la graisse de protection par la suite. Cela formerait une bouillie inutile.
Remontage :
Il faut commencer par remonter le pickup sur le porte bobine. La difficulté est de vérifier d’abord que le pickup n’est pas tordu ou le redresser avec une pince, mais sans l’avoir encore fixé. Le placer alors sur le porte bobine et vérifier que les deux axes se placent bien en face l’un de l’autre sur le porte bobine , au bon niveau , avec le bon écartement. Il ne faut pas que le pickup placé force à la rotation.
Graisser tout le bâti au pinceau, cela permet de luter contre la corrosion.
Replacer et visser la plaque porte-guide sur le bâti après avoir graissé la gouttière. Le porte-guide va supporter énormément de frottements. Sur les modèles très anciens, de la corrosion s’est souvent installée sur cette pièce. Je la ponce légèrement à la Dremel pour le rendre lisse.
Replacer le porte bobine dans son logement après avoir graissé les deux parties. Il faut faire attention de le pas oublier la rondelle de cuivre qui se place entre le bâti et le porte bobine. Cette pièce sert au réglage de la hauteur de l’engrenage, et donc détermine la souplesse de rotation. Sur Certains modèles il y a deux rondelles. Elles sont d’un diamètre intérieur important mais peu larges et surtout très fines.
Après avoir inséré le porte bobine dans le bâti, il faut replacer, dans l’ordre, depuis le fond du porte bobine :
- les rondelles en cuivres
- le washer ( rondelle noire )
- la plaque de déclenchement ( grosse plaque circulaire en alu dont l’ergot doit etre vers le bas );
- L’écrou de serrage sans le serrer trop fortement .
Il faut alors vérifier qu’il n’y a pas de jeu entre le bâti et le porte-bobine. S’il y en à, c’est que : soit les deux rondelles de cuivre sont mal placées, soir la rondelle de départ, entre le bâti et le porte-bobine est usée. ( remplacer ou rajouter ).
Replacer l’axe de bobine, et ensuite la plaque de guidage dont l’ergot , vers le bas, s’insère dans un trou de l’axe de bobine. Placer le roue d’entrainement du guide au centre comme sur la photo.
Replacer les engrenages sur l’autre partie du bâti sans oublier de replacer l’anti-retour.
Ne pas oublier les deux rondelles de réglage sous la roue de transfert.
Tenez les deux parties verticalement pour les assembler sans que les diverses pièces ne tombent.
Replacez les trois vis sur le bâti.
Et voila, vous pouvez aller à la pêche.
Celui là est reparti pour quelques dizaines d’années de service.
D’ailleurs il a re-servi, avec succès pour mon plus grand plaisir :
Merci pour le tutoriel : le mien qui a plus de 50 ans, a pêché sur trois continents, est un peu cabossé mais fonctionne parfaitement.
Il a fallu une heure en bain d’ultrasons à 50 °C pour le nettoyage…